interview de Myriam BOYER en toute intimité

Comment se passe le festival pour vous ?

 Pour moi, c’est des grandes journées à se mettre en conditions. C’est vrai que c’est tard 22h30, donc je ne fais que ça. Alors donc j’ai l’impression d’être dans une bulle et puis passer ma journée pour le soir ; et donc je ne vois rien, je n’entends rien, je trace, et vue que je sors à 2 h du matin ma journée est faite.

Avez-vous du mal avec la chaleur que vous jouez tard ?

 De ce côté-là c’est bien de jouer tard mais cela n’empêche pas que l’on vive la chaleur de toute façon. Enfin du mal avec la chaleur, je suis comme tout le monde, même si je suis plus résistante.

Comment se passe votre pièce de théâtre, et la fréquentation est-elle au rendez-vous ?

On est très content, car c’est un horaire pas très évident et il y a toujours des belles salles tout de même. Je veux dire que ce n’est pas forcément plein mais que l’on a des belles salles avec une richesses d’échanges que je ne soupçonnais même pas. C’est vraiment un bonheur car le public et mes collègues sont avec cette pièce. Il y a quelque chose que j’avais envie de dire c’est que cela fait du bien.

On a un message universel avec toutes ces entreprises qui ferment et qui sont repris par les salariés qu’en pensez-vous ?

 C’est vraiment d’une actualité folle, et c’est rare que l’on le mette en scène dans un théâtre parce que vous voyez souvent les histoires où l’on parle de petites gens entre guillemets ; ce terme m’a toujours un peu dérangé et en même temps comme j’en suis et que je les aime ; du coup je ne me sens pas petite mais en même temps c’est plutôt en tendresse que je verrais les petites gens. En général quand on n’en parle, c’est toujours du siècle dernier ou lors de la montée du féminisme ; du coup on a du mal à parler au théâtre de ce type de sujet.

Comme le sujet de « mon livre de la jungle », pièce jouée dans le théâtre des gémeaux qui parle de la jungle de Calais.

 Mais ça on peut en parler, attention cela n’est pas pareil, tout ce qui appartient aux banlieues et qui donne bonne conscience à une élite, on en parle tout le temps et ce n’est pas pour autant que l’on n’en règle les problèmes…

Alors que les gens de ma pièce, ce sont les gilets jaunes qui les ont mis en avant. On ne les voyait pas ni sur la scène politique, ni au théâtre. C’est formidable d’avoir une héroïne de ce milieu, de cette époque et de le faire sans que soit revanchard. Il y a à la fois de la poésie, de l’humour et le fait de raconter une réalité.

Les parapluies m’ont rappelé l’entreprise Vaux, fabricant de parapluies dans le jura à Saint Claude un peu loin de Lyon d’où vous êtes originaire.

L’histoire est là et dans plein d’endroits à tout niveau d’artisanat et en général sur des beaux objets de belle facture.

Quel est votre meilleure souvenir de ce festival ?

C’est difficile, pour moi c’est la pièce. Cela fait 50 ans que je fais ce métier et il y a quelque chose, Avignon est très dure mais il y a eu une magie dans ce lieu ; ce rendez-vous quotidien c’est assez étonnant, c’est en dehors c’est pas théâtre, il y a aussi une aventure humaine car on est sur place donc avec son équipe et toutes  les personnes avec qui je travaille, il y a quelque chose de spéciale qui se créé et je n’avais pas vécu  depuis si  longtemps, un moment aussi fort. Cette pièce, on va la faire voyager.

Avez-vous eu l’idée de ce rôle ou on vous l’a proposé ?

Alors, le rôle pas du tout, en fait on avait fait « Riviera » au Chêne Noir, il y a 7 ans et c’est le même auteur qui m’avait proposé entre temps deux trois pièces et ces dernières ne me parlaient pas. Puis il est venu me voir cet hiver et il m’a dit je crois que j’ai une idée et deux mois après il me présentait cette pièce « Louise aux parapluies » et je n’ai pas hésité une seconde. J’ai tout de suite vu que c’est une chose que j’avais envie de faire. S’il m’avait demandé de quoi j’avais envie parler et de quel personnage, j’aurais dit cette pièce. Ceci est un cadeau de la vie et je ne me suis pas trompé car j’ai un grand plaisir à aller raconter ça tous les jours ; avec les deux autres comédiens s’étaient très puissant et fort humainement et qui rejoins la pièce et le metteur en scène qui est aussi l’auteur et resté sur place donc on est dans le bain tout le temps.

Quels sont vos projets après le off 2019 ?

Tous les lundis j’allais à Lyon voire mon fils Clovis qui tourne un film et dans lequel je joue et je vais continuer en Août.

Pas trop dure de retourner à Lyon par rapport à votre enfance ?

L’enfance en roulotte c’était avec mon père, ma mère habitait à la croix rousse. C’était une enfance très difficile et en même temps je n’ai jamais manqué d’amour ce qui est très important ; la différence est énorme. Lyon est une ville où je suis toujours repassé pour recharger les batteries, même si je n’ai plus beaucoup de famille, même mon frère serge Boyer professeur à l’école des beaux-arts de Avignon est décédé, il y a 3 ans. A Vaison la romaine, on a nos maisons collées et je continue la restauration de sa maison.

Comptez-vous revenir en Avignon l’an prochain ?

Pour l’instant ce n’est pas le projet, mais il ne faut jamais dire non… Je ne pense pas que l’on puisse revivre tout de suite une aventure comme celle-ci. C’est une parenthèse forte dans ma vie que j’ai envie d’emmener dans d’autres lieux.

Avez-vous vu d’autres spectacles à Avignon ?

Non, aucun

Quel est votre lieu préféré à Avignon ?

La Mirande qui est un lieu tellement beau, chargé d’histoire. C’est un lieu apaisant, un cocon où je me sens bien.

Et sinon un bar à vin juste en face des Gémeaux qui est génial, où l’équipe est tellement sympa et là c’est la fête d’après spectacle.

Questions face à face de la rédaction :

Un animal :

Une tortue

Une couleur :

Le jaune

Un des quatre éléments :

L’air

Un lieu où vous avez déjà joué ou un lieu où vous aimeriez jouer :

Le festival de Ramatuelle

Un lieu de vacances :

Dans ma maison à Vaison, à Crestet

Pac à l’eau ou Piscine :

Cela dépend de l’heure

Pastis ou Ricard :

J’adore les boissons anisées et je prends souvent des moresques

Toit de l’hôtel de l’Europe ou la place de l’horloge :

Le toit de l’Europe car c’est magistral, c’est le plus bel hôtel que j’ai connu

Cigale ou silence :

Les deux

Campagne ou Paris :

Les deux, j’ai besoin des deux

Si vous seriez un prix, César ou Molière :

J’ai eu un Molière et cela me ravie, j’aime bien les récompenses alors que d’autres n’aiment pas. J’ai des médailles et dès que l’on me contacte pour recevoir quelque chose, je dis envoyez moi le truc, cela me met dans un état d’excitation immense : chevalier des arts et lettres, médaille du mérite, médaille de la légion d’honneur.

Je reste une petite fille a qui l’on donne une jolie médaille ; je ne vois pas ceci comme quelque chose de chargé d’histoire ; on n’est pas au dixième du symbole et du mérite de l’objet mais quelque part je me dis, ben si, il faut savoir aussi recevoir et cela fait du bien.