Interview de SELLIG : épisode 6
Rédacteur en Chef (REC) : Bonjour SELLIG, vous êtes un des deux artistes qui parraine cette année le « Méjannes Du Rire », qu’est-ce que cela vous fait ?
SELLIG : C’est un honneur de parrainer un Festival. Quand on est jeune artiste, on n’imagine pas qu’un jour on vous proposera d’être le parrain d’un Festival. C’est flatteur, cela signifie que l’on a bien bossé, que le public nous apprécie et que notre travail est aimé par les organisateurs. Donc, je suis toujours heureux de ces instants.
REC : Pouvoir transmettre quelque chose à trois jeunes talents, être un passeur, un accompagnateur sur leur première, est-ce une motivation ou vous auriez aimé avoir ce type d’accompagnement quand vous avez commencé votre carrière il y a 25 ans.
SELLIG : Il y a 25 ans, il n’y avait pas ceci. Moi je suis de la génération de Bruno Salomone, Jean Dujardin, Jérôme Commandeur. La génération d’avant nous, c’était Bigard, Palmade, Robin, Dupontel. On n’avait peu de contact avec eux, car les réseaux sociaux n’existaient peu ou pas, c’était très dur. Les seuls lieux où on pouvait les rencontrer et échanger étaient les Festivals. A l’époque c’était des stars et avec les réseaux sociaux, ils sont plus « accessibles ». Pour ma part je conseille une jeune humoriste qui débute sur Lyon et que j’ai inséré dans mon réseau social : toujours heureux de les aider car ce n’est pas facile et quand je vois que la création de nombreuses écoles du rire, payantes un peu partout cela me désole parce que c’est comme un magnétiseur : c’est un don que l’on a reçu, on le transmet et surtout on ne le rend pas payant.
REC : On a eu la chance de rencontrer Éric Collado, et un peu après Anthony Joubert, ce sont des personnes qui donnent énormément de conseils, qui sont très présents sur le MDR et on est logé dans un même lieu donc les barrières tombent et les conseils s’échangent aisément.
SELLIG : On voit la vie d’un humoriste de l’intérieur, ce n’est pas en étant isolé que l’on peut le voir. Notre génération, elle était festive, avec les « Nous ç Nous », on a fait des dizaines et des dizaines de Festivals et on a des souvenirs inoubliables. Ce n’est que dans les Festivals que l’on a des souvenirs ; c’est hyper important les Festivals pour les anciens et les jeunes talents. Les Festivals en France sont nos Salons du rire
REC : Tout à fait d’accord, sinon vous ne faites que vous croiser sur les tournées.
SELLIG : On ne se croise pas mais on se laisse des messages dans les loges, il n’y a pas de contact alors que dernièrement j’étais au Festival de Tournon sur Rhône que je fais depuis trente ans, je retrouve les copains et on se parlent de nos futurs, j’ai un jeune, tu ne peux pas le prendre pour tes avant premières. Ces Festivals servent aussi à cela.
REC : Dans votre carrière avez-vous de bons souvenirs de Festivals ?
SELLIG : J’ai de très très bons souvenirs que ce soit à Rochefort en Belgique, que ce soit de partout en France. Je n’ai pas de mauvais souvenirs, le bémol m’être tromper sur des Festivals lorsque j’étais en concours il y a 30 ans mais cela n’est pas inhérent aux Festivals mais au travail. Le reste ce n’est que des bons souvenirs et on en parle encore quand on se croise avec Éric Collado et d’autres. Les Festivals sont des lieux de rencontres, de conseils et ces Écoles du rire cela me glace le sang !!
REC : Vous venez présenter votre dernier spectacle « Episode 6 » à Méjannes-le Clap, pouvez-vous nous en dire plus ?
SELLIG : Le thème est le quotidien décortiqué par le personnage principal, donc moi comme je suis dans la vie : énervé, râleur (comme l’était Louis de Funès) ; je râle mais je fais partie du système « ma plume est assassine mais je fais partie du lot » extrait de la chanson les Bobos de Renaud. Je raconte le phénomène des sites de rencontres, un sketch sur Noël, les nouvelles technologies avec même ma mère qui à 80 ans, sketch sur la cuisine et je parle de la cinquantaine passée.
REC : Comment prenez-vous votre rôle de star populaire ?
SELLIG : C’est toujours une fierté d’être complet, le public paye pour venir m’écouter moi, c’est un privilège fantastique, je rends autant que je leur donne car c’est grâce à eux que j’ai une vie de rêve. Je les rencontre, je fais des dédicaces. Les critiques de la presse je m’en fou alors que l’opinion d’un spectateur qui a payé pour venir me voir, je le prends en compte et je retravaille le texte et le jeu scénique.
REC : Sur le Festival off, si mes chroniqueurs n’aiment pas un spectacle, j’autorise une critique négative que si elle est constructive (trop long, faut raccourcir, plus le muscler), il faut que l’on soit des festivaliers et contrairement à eux je ne paie pas.
SELLIG : C’est bien de le souligner avec bienveillance, car cela peut faire tellement de mal à un jeune Talent. Alors que si c’est constructif cela peut très bien l’aider au contraire.
REC : Dès le vendredi les remarques et les conseils fusent et on assiste à des améliorations entre le vendredi et le samedi soir.
SELLIG : Festivaliers, organisateurs, presse, artistes… c’est un univers qui va ensemble ; qui fonctionne avec la diversité des personnes. Si un artiste n’écoute plus rien, il quitte cette galaxie et se met en orbite et là, il fait de la merde. Les Festivals sont des organismes vivants.
REC : Vivant et bienveillant sur lequel, on peut tout apprendre, beaucoup durant les Festivals, on se rend compte de leurs quotidiens, de leurs soucis, des coups de fils jusqu’à leurs montées sur scène.
SELLIG : Même moi, lors de concours jeunes talents j’apprends toujours, il me donne du monde moins vieux que ce que je pourrais penser.
Avec votre carrière est-ce que vous pensez que l’on peut rire de tout avec tout le monde ?
SELLIG : Non, plus maintenant. De nos jours c’est très cloisonné et compliqué, le second degré est mort et le premier degré a pris le pouvoir. On a une autocritique permanente du « ON ». C’est fini le temps des Coluche, Desproges, des Inconnus ; cela serait catastrophique pour toutes ces personnes. Mais hélas, on ne plus rire de tout avec tout le monde. La norme c’est de choquer, de tailler, de se moquer du public au premier rang. A moment donné, il n’y a plus d’art là-dedans.
Questionnaire de Proust à la sauce Provençal :
1/ Avez-vous une musique qui vous rend joyeux ?
– Goldman
2/ Quel est le défaut dont vous aimeriez vous débarrasser ?
– Être râleur
3/ Quelle est la qualité que vous aimeriez avoir ?
– La patience
4/ Quelle est la personne vivante ou décédée que vous aimeriez rencontrer ?
– Louis de Funès
5/ Quel est le compliment que vous détestez que l’on vous fasse ?
– Ah ! vous êtes rigolo
6/ Avez-vous une phobie ?
– Les araignées (Arachnophobie)
7/ Si votre maison brûle, que sauveriez vous en premier ?
– Sauvez mes albums photos
8/ Avez-vous un lieu préféré à Avignon ?
– La rue des teinturiers
9/ Si vous étiez un prix, une récompense vous seriez lequel ?
– Prix Nobel de la Paix
10/ A qui aimeriez-vous dire pardon ?
– A trop de personnes, hélas
11/ Un animal vous seriez ?
– Un lion
12/ Une couleur vous seriez ?
– Le bleu
13/ Un des quatre éléments vous seriez ?
– L’eau
14/ Un lieu où vous avez déjà joué ou un lieu où vous aimeriez jouer ?
– L’Olympia s’est fait (8 fois) et ce sera toujours ce lieu
15/ Votre lieu de vacances idyllique ?
– Mimizan, Biscarosse
16/ PAC à l’eau ou piscine ?
– PAC à l’eau
17/ Ricard ou Pastis 51 ?
– Ricard
18/ Campagne ou Paris ?
– Campagne
19/ Place de l’horloge ou Rooftop du toit de l’Europe ?
– Place de l’Horloge
20/ Cigale ou silence ?
– C’est Cigale quoiqu’il arrive