le fond Yvon Taillandier à l’hôtel de Beaumont…
Dans un futur nous pourrons déambuler au cœur de l’Hôtel de Beaumont appelé aussi Hôtel Azémar en Avignon pour découvrir à la fois l’ensemble mobilier de Mme Azémar mais aussi et surtout le fond Taillandier qui est un don de Mme Françoise Taillandier pour son mari qui lègue l’ensemble de ses œuvres et les œuvres de ses amis à la ville d’Avignon et souhaite que toutes ces œuvres soit mis en exergue au sein de l’Hôtel Azémar.
Un peu d’histoire :
Niché aux n° 9 et 11 de la rue de la Croix, (à deux pas de la rue Carnot), l’hôtel de Beaumont est un discret hôtel particulier de 700 mètres carrés. Cette demeure fut d’abord celle de Jacques de Beaumont, chanoine de Saint-Pierre d’Avignon. Il y logea Richelieu de 1618 à 1619, alors en disgrâce, résida en ces lieux avec son frère. Il loua cet hôtel particulier à Jacques de Beaumont, chanoine de l’Église collégiale de Saint-Pierre.
Puis elle passa à Joseph de Teste, consultateur du Saint-Office, seigneur de Vénasque et de Saint-Didier qui l’acheta le 17 septembre1740. L’Hôtel de Beaumont a été remanié à plusieurs reprises depuis son origine jusqu’aux derniers aménagements des XIXe et XXe siècles. L’édifice comprend trois étages sur un rez-de-chaussée et sa surface est d’environ 1 500 m² de planchers pour une surface habitable estimée à 950 m².
L’hôtel de Beaumont est partiellement classé Monument Historique (arrêté du 14 décembre 1992). Cet hôtel et son immense jardin ont été légués en 2016 à la ville d’Avignon par Michelle Azémar, dernière propriétaire et occupante des lieux, avec une collection de poupées d’origines très variées, russes, provençales, asiatiques, peluches, barbies. Elle avait demandé expressément qu’après son départ, l’hôtel de Beaumont ait une vocation culturelle. L’édifice devra être remis d’aplomb avant l’ouverture. La transformation d’une partie de la demeure en musée afin d’accueillir dans certains espaces une partie de la collection de poupées était la condition du legs ainsi que l’ouverture du jardin au public. La ville d’Avignon a accepté ce legs par délibération du 27 septembre 2017 et signé celui-ci le 13 mars 2018 après la fin des recherches d’héritiers.
Ainsi un ensemble de questions se posent :
La capitale du théâtre peut-elle devenir une capitale picturale ?
Après la sortie de terre d’Angladon (1996) et de la collection Lambert (2000), deux établissements d’envergure internationale, un nouveau musée verra le jour d’ici cinq ans dans le centre-ville d’Avignon. Un projet époustouflant, 11 rue de la Croix, porté par la Ville d’Avignon au sein de l’hôtel de Beaumont, un hôtel particulier de 700 mètres carrés. La Maison Yvon Taillandier, tel que pourrait être son nom, porte le patronyme du grand peintre et critique d’art décédé en 2018, dans la préfecture de Vaucluse.
Qui est cet artiste ?
Précurseur du mouvement majeur la « Figuration libre » (Combas, Di Rosa, etc.…), Taillandier laisse derrière lui un patrimoine artistique démesuré : des dizaines de toiles, plus de 1000 dessins, des meubles et objets peints en nombre. Et, cerise sur le tableau, des œuvres de plusieurs de ses amis : cinq estampes et un dessin monumental (1 mètre sur 70 centimètres) de Joan Miró, une estampe de Man Ray, des lithographies de Giacometti, un dessin de Mario Prassinos. Entre autres. Et l’inventaire à la Prévert, ou plutôt au Taillandier, n’a pas encore tout dévoilé…
Qui est à l’initiative de ce don ? et pourquoi l’Hôtel Azémar ?
C’est Françoise, l’épouse de l’artiste, qui a souhaité que les œuvres restent ensemble et soient données à la Ville d’Avignon. Mais l’histoire, déjà belle, prend ensuite un tour encore plus décoiffant. Car d’ici cinq ans environ, la donation Taillandier prendra vie en un nouvel espace muséal dans l’hôtel de Beaumont. Un édifice en partie classé, lui aussi légué à la Ville d’Avignon ! Michèle Azémar, dernière occupante des lieux et décédée en 2016, l’avait au préalable couché sur son testament. « C’est une coïncidence extraordinaire« , lance Françoise Taillandier. « Je suis très émue et comblée, ce lieu est absolument magnifique.
Quel est le projet de madame le maire et de la Ville ?
Le maire d’Avignon, Cécile Helle, fait ici d’une pierre deux (gros) coups : « l’attractivité de notre centre-ville passe aussi par le rayonnement culturel et artistique. » Car l’idée de Cécile Helle outrepasse largement les contours d’un musée stricto sensu. Il s’agirait de proposer un voyage dans l’univers d’Yvon Taillandier au sens large avec des œuvres exposées, des pièces « habillées » grâce au mobilier légué, mais aussi la reconstitution de son atelier de dessin. Avec, qui plus est, une partie du parcours de visite consacrée à l’histoire de la famille Azemar en ces lieux. Prometteur, le projet n’en est qu’à ses balbutiements. Dans un premier temps, devrait intervenir la désignation d’un cabinet pour étudier le potentiel de transformation de cet hôtel particulier en musée. Il conviendra dans un second de mettre en place une mission inhérente à son contenu.
Quelle autre ville française de moins de 100 000 habitants héberge de manière permanente des chefs-d’œuvre de Van Gogh et Picasso (musée Angladon), Botticelli (Petit Palais), Basquiat et Warhol (collection Lambert) ou Camille Claudel (Calvet) ? Miró, Giacometti, Man Ray, Taillandier et les autres les rejoindront bientôt. Quel festin mes aïeux !
Des toiles de Taillandier à l’Élysée ?
On savait Emmanuel Macron épris du noir façon Pierre Soulages, lui qui avait d’ailleurs été invité avec son épouse Brigitte chez le peintre à Sète, dans l’Hérault, l’an dernier. Mais il semblerait que l’hôte de l’Élysée ait d’autres créateurs d’art contemporain comme points de repère. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre, hier, Françoise Taillandier au cours d’un point presse. « Je ne suis pas de son bord politique mais j’ai appris que notre président (Emmanuel Macron, Ndlr) a demandé à avoir trois œuvres de Taillandier pour l’Élysée… Je vais essayer d’en savoir un peu plus » (cf. note bas de page), a déclaré cette dame , dont l’humour piquant et élégant qui n’est pas sans rappeler celui de feu Jean d’Ormesson, a touché juste par l’entremise de punchlines savamment distillées. « C’est vrai que le climat ambiant n’est pas très gai, mais les toiles d’Yvon le sont ! »
Que trouve-t-on dans la donation ?
« Tout ce qui se trouve dans notre appartement va se trouver ici, à l’hôtel de Beaumont« , indique la veuve de l’artiste. Même si l’ensemble n’a pas encore été répertorié de manière exhaustive, il apparaît, à ce jour, que le futur espace muséal déploiera face au public, a minima, une quinzaine de toiles d’Yvon Taillandier, plus de 1000 de ses dessins, un totem de 2,50 mètres de haut, des sculptures, des céramiques peintes, des fresques sur carton et autres panneaux en bois. Certaines œuvres mesurent plus de cinq mètres de long ! Et ce sans omettre la bibliothèque de l’artiste (livres d’art, recueils de poésie, livres d’artistes). À cela s’ajoutent une collection d’art populaire (statues africaines, poupées asiatiques, sifflets espagnols) et plus de 60 œuvres d’autres artistes, illustres pour partie d’entre eux tels Man Ray, Prassinos, etc… Certaines de ces créations furent d’ailleurs offertes à Yvon Taillandier par ses amis, Alexandre Calder, Serge Poliakoff ou Nicolas de Staël. Bigre !
Yvon Taillandier précurseur de la Figuration libre ?
Ses meilleurs amis avaient pour nom Joan Miró ou Alberto Giacometti, et il fit l’objet de 300 expositions à travers le globe, de Tokyo à Rotterdam, de Washington à Kiev. Décédé à 91 ans en mars 2018 à Avignon, une ville où il s’installa au crépuscule de sa vie avec son épouse Françoise, Yvon Taillandier était le précurseur de la « Figuration libre ». Il évoquait ainsi son travail sur la toile : mes tableaux se veulent des chants joyeux, voire des odes à la joie. Le couple Taillandier était venu s’installer en Vaucluse après qu’un agent artistique, installé à Rochefort-du-Gard, l’avait incité à descendre au soleil. En 2017, l’abbaye Saint-André de Villeneuve-lez-Avignon avait d’ailleurs consacré à Yvon une superbe rétrospective. Outre la peinture (près de 3000 toiles réalisées) et le dessin, l’inventeur du « Taillandier-land », ce monde graphique intrinsèque, fut aussi un redoutable critique d’art. Ses papiers dans les revues « Connaissance des arts » et « XXe siècle » ont marqué son époque.
rendez-vous sur le site: yvon-taillandier.com