les bains Pommer à Avignon
Entre 1891 et 1972, les bains Pommer ont vu passer des générations d’Avignonnais. Le lieu d’environ 500m² est classé au titre des monuments historiques en 1992, et témoigne des pratiques d’hygiène et des arts décoratifs de la fin du XIXe siècle.
Lorsque l’on entre dans cet endroit, on a l’impression que tout va se remettre en route dans peu de temps. Le lieu est figé depuis 1972, la boiserie de l’escalier et du banc central brille, le carrelage a gardé ses couleurs, les clochettes, pour appeler les employés depuis la baignoire, tintent toujours et les baignoires sont d’un blanc éclatant. C’est notre Titanic à nous…
On est en 1891 lorsque Auguste Pommer finit de construire et ouvre les bains, rue Four de la Terre. Au départ, l’objectif du chaudronnier de profession est d’offrir à la population avignonnaise un établissement thérapeutique. Nous devons ce lieu à Auguste Pommer qui a épousé Pauline Lapierre, la fille des propriétaires des bains de la Poste, situés rue la République. Il s’est enrichit de cette expérience et décide d’acheter trois terrains proches de la place Pie, à côté des anciennes Halles, alors le cœur de la ville. Il a lui-même conçu les chaudières qui allaient chauffer l’eau des bains, et le chantier durera près de 4 ans, en choisissant des matériaux nobles.
A la fin du XIXe siècle tous les foyers n’étaient pas équipés de l’eau courante. On vient aux bains pour se soigner physiquement ou psychologiquement – dans l’eau, on y ajoute alors du soufre –. C’est plutôt une clientèle bourgeoise, aisée qui vient. Petit à petit, la société évolue et on se rend compte qu’il y a un besoin de propreté et d’hygiène, alors on rajoute des douches et on voit apparaître une autre clientèle, plus populaire.
Ces bains témoignent d’une époque par l’architecture et les éléments art déco. Il faut absolument que les générations futures sachent qu’avant les spas, les jacuzzis et les piscines, il y avait les salles de bains qui étaient les salles d’eau et avant les bains publics.
Le lieu a connu quelques évolutions avec l’installation de douches avec eau sous pression dans les années 1930 puis après des douches plus simples pour les employés de la ville.
Une avignonnaise est surpris par les noms des produits utilisées comme Palmolive ou le Pento de nos aïeuls. Dans les vitrines, on retrouve des bijoux oubliés, des chevalières, des bagues, des pièces de monnaie… Et au détour d’une porte dérobée dans une cabine de bain, à l’étage, l’entrée des appartements de la famille Pommer.
La ville d’Avignon a acquis ces bains en 2017. Mme Élisabeth Pommer fait don des bains et de sa maison de famille attenante avec l’ameublement et le trousseau de la famille. La ville souhaite en faire un musée sur l hygiénisme ou sur l’art déco voire pourquoi pas sur les deux….